COOPÉRATIVES SUCRIÈRES Du rififi dans le sucre
Tereos a fait un appel du pied à Cristal Union pour un éventuel rapprochement, cette dernière lui opposant une fin de non-recevoir.
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La fin des quotas sucriers, en vigueur depuis 1968, approche. A partir d'octobre 2017, le prix minimum d'achat garanti aux producteurs prendra fin, tout comme les limitations de production et d'exportation. Débridée, la France pourrait devenir le premier exportateur européen avec 1 à 1,5 Mt contre 0,3 Mt, aujourd'hui. « On s'attend à une forte volatilité des prix, prédisait Michel Portier, DG d'Agritel le 20 janvier, les opérateurs européens vont devoir restructurer leurs activités pour être compétitifs. »Les grandes manoeuvres ne se sont pas faites attendre dans une France sucrière où il n'y a plus que trois acteurs : les deux coopératives Tereos et Cristal Union, et Saint Louis sucre (Südzucker).
Un potentiel de 80 % du marché
Le 30 janvier, un article de presse du Figaro économie mentionne que « les dirigeants de Tereos semblent voir d'un bon oeil un mariage avec Cristal Union », et que « Cristal Union aurait engagé des pourparlers en vue d'un rapprochement avec Nordzucker ». Démentant ces « fuites fantaisistes » dans un premier saut d'humeur furtif, le champenois était allé jusqu'à écrire que « dans sa situation financière particulièrement difficile, nous pouvons comprendre que Tereos cherche le secours de Cristal Union ». Et de pointer du doigt la « mission ministérielle d'accompagnement de la filière sucrière et de réflexion sur les perspectives après-quotas » lancée par Stéphane Le Foll, en janvier, pour que « la filière betterave-sucre française puisse s'imposer dans le paysage mondial ». Faut-il y voir une malice pour créer un champion français qui rassemblerait 20 000 coopérateurs à partir des deux leaders actuels ? « Représenter 80 % du marché français n'est pas une bonne idée », répond en tout cas Alain Commissaire, DG de Cristal Union, sous-entendant que ce n'est pas du goût de ses clients. « Le projet de Tereos, basé sur l'amont, n'est pas le nôtre. Le sujet, c'est l'aval. D'ailleurs, les présidents des deux groupes coopératifs s'étaient déjà rencontrés et nous avions fait comprendre que nous avions une trajectoire définie. » C'est-à-dire des marques fortes, un réseau de distribution élargi (Grèce, Italie...) et une diversification dans le sucre de canne.
« Une décision historique »
Malgré tout, Tereos a enfoncé le clou en alertant que « la décision à prendre est historique ». Pour le n° 5 mondial du sucre, « ce rapprochement est un grand projet français qui ne présente aucun risque et qui est de nature, compte tenu de l'ampleur des synergies agricoles et industrielles, à améliorer très significativement le prix de la betterave : 3 €/t, soit près de 300 €/ha ». Cristal Union a clos le débat en rejetant en bloc la proposition. Définitivement ? Pour Alain Commissaire, « il n'y a pas de raisons de penser le contraire ».
Renaud Fourreaux
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